Les Maisons Médicales sont nées dans les années 70 en Belgique, suite à un important mouvement social, politique et culturel.
Ce mouvement dénonçait une société inégalitaire et inéquitable dans le domaine de la san-té mais aussi de l’éducation, la culture, le logement, la justice… Fin des années 70, le con-texte
économique aggrave encore la situation (plus de chômage, plus de précarité...) et la crise s’étend désormais au secteur médical.
En 1979, une grève des médecins « libéraux » est organisée par les Chambres syndicales (un syndicat médical majoritaire de l’époque, à l’idéologie très libérale*) contre une ré-forme qui portait
sur l’introduction d’un carnet de santé (embryon du dossier médicale global - DMG) et la limitation de l’appareillage lourd (scanner, etc.).
Cette grève des médecins « libéraux » fut contrée par les syndicats des travailleurs et les mutuelles avec la participation active de médecins dits « progressistes* », travaillant notamment en
maisons médicales. Ces médecins permirent de continuer à offrir des soins. Cela donna l’occasion aux maisons médicales de se connaître entre elles et de se faire con-naître des pouvoirs
politiques, des syndicats et des mutuelles. Un an plus tard, en 1980, la Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones* voyait le jour.
Les fondateurs voulaient rapprocher les soignants des soignés et valoriser la pluridisciplinarité*, combattre l’hospitalo-centrisme* (la place centrale que prenaient les hôpitaux), mettre en
priorité leurs outils au service des plus défavorisés et développer la prévention et l'éducation à la santé.
Au niveau mondial aussi la vision des soins de santé a fort évolué. Dès 1979, de nombreux états adoptent la déclaration « d'Alma Ata* », qui souligne l'importance des soins de santé
primaire*.
Début des années 80, la réflexion sur un mode de financement autre que le paiement à l'acte* a permis la mise en place du système du « forfait* ». Ce nouveau mode permet un financement plus
cohérent pour les soins globaux, intégrés, continus et accessibles* et permet d'augmenter l’accessibilité financière et la solidarité entre malades et bien-portants. Ce système s’avère
ainsi correspondre à la volonté d’équité au sein de la société que défendent les Maisons Médicales.
Jusqu’en 2000, une seule maison médicale existait à Jette: la Maison Médicale Esseghem (MME). Cette maison médicale est à l’époque dépassée par les demandes d’inscriptions, se retrouve à ne plus
pouvoir inscrire de nouveaux patients. La décision est prise alors d’ouvrir une antenne.
- Le 23 octobre 2000: l’Antenne Tournesol ouvre ses portes avenue Secrétin. L'équipe est toute petite mais soutenue par les travailleurs d’Esseghem ainsi que par la maison médicale Kattebroek
de Berchem-Sainte-Agathe.
- En 2002, la MM Antenne Tournesol devient une ASBL indépendante de la MM Esseghem. Les statuts sont signés le 21 février 2002 par le Dr Manu Berquin, le Dr Françoise Dutrieue, Lucile BUFKENS
(infirmière à Esseghem), Simon Brennet (kiné à Kattebroek) et Chantal Van den Ostende (accueillante).
- 2003 : la MM Antenne Tournesol obtient l'agrément de la COCOF (Commission Communau-taire Française) et perçoit dès lors un subside pour améliorer l'accueil du patient et mettre sur pied des
projets de prévention, de promotion à la santé et de santé communautaire.
- 2003 : déménagement au 81 de la rue Henri Werrie.
- 2005 : extension au premier étage du 81.
- 2006 : engagement d’une infirmière.
- 2006 : la Région de Bruxelles Capitale et la commune de Jette décident d'investir dans la rénovation des rues et des logements, de construire des infrastructures collectives et de soutenir
des projets sociaux de quartier dans le cadre d'un contrat de quartier. Nous po-sons notre candidature pour obtenir des subsides afin d'aménagement des nouveaux locaux. Notre MM obtient
l'approbation du projet.
- 2007 : achat du bâtiment au 69, rue Henri Werrie.
- 2009 : déménagement au 69 rue Henri Werrie.
- 2011 : engagement d'une psychologue.
- 2014 : engagement d’une diététicienne et d’un ostéopathe.
- 2015 : engagement d’une assistante sociale et travaux d’aménagement du 2ème et 3ème étage.
Le projet de notre maison médicale est porté par des valeurs fondamentales définies et partagées par l'équipe.
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La qualité des soins : Nous voulons promouvoir des soins de qualité visant une prise en charge pluridisciplinaire et globale des patients qui permettent de les accompagner
dans leurs diverses réalités psycho-socio-économiques. Sur le plan médical, la balance bénéfice/risque de chaque traitement et de chaque examen spécialisé prescrit est analysée en fonction de
l'évolution des connaissances scientifiques actuelles.
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La justice sociale et l'équité : Nous soutenons la justice sociale, principe qui vise à l'égalité des droits (les mêmes droits et les mêmes chances pour chacun quel que soit
son éducation, son niveau de vie et sa santé), à une solidarité collective et une répartition équitable des richesses entre les personnes d'une société. Nous travaillons également selon un
principe d'équité : porter une plus grande attention à ceux qui en ont le plus besoin (passer plus de temps avec des personnes qui ont des difficultés de compréhension, se déplacer à domicile
pour les moins valides et offrir les soins aux personnes les plus précarisées...).
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La solidarité : Dans l’idée que les êtres humains sont reliés entre eux, la solidarité est le lien qui pousse les personnes à s'entraider. Dans notre maison médicale, la
solidarité doit se jouer à tous les niveaux, entre les patients, entre les professionnels, entre les patients et les professionnels, entre maisons médicales et avec d’autres associations
partenaires. La solidarité ne doit pas se limiter à nos quartiers, à notre pays, elle doit s’ouvrir au-delà de nos frontières, par un meilleur partage des ressources et des connaissances, et
par la mise en place de projets de coopération Nord-Sud*.
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Le respect de l'autre et de la diversité : La MM travaille dans un esprit d'ouverture et recherche une concertation permanente basée sur l’écoute de chacun, l’expression des
avis divergents et la liberté de choix. Nous cherchons à respecter toutes les différences (sociales, culturelles, psychiques, physiques, philosophiques et politiques) dans un esprit de
dialogue et d’enrichissement mutuel. Nous luttons contre les inégalités liées au genre, à la culture ou à l'orientation sexuelle. Le patient est libre de ses choix et nous l’accompagnons dans
ses questions et/ou ses dé-marches complexes telles que l’interruption volontaire de grossesse, l’euthanasie…
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L'accessibilité des soins : Nous mettons tout en œuvre pour permettre à nos patients une accessibilité aux soins de santé primaires tant sur le plan financier que
géographique, organisationnel et temporel. Nous essayons donc de développer un accueil de qualité, ouvert le plus largement possible, la diffusion de l'information de manière proactive et
l'adaptation des services en fonction des situations et des populations selon leurs diversités et leurs particularités. Nous menons aussi une réflexion sur l'accès aux soins pour l’ensemble
de la population et dans la mesure de nos possibilités nous agissons dans ce sens : soutien à la création de nouvelles maisons médicales, contacts réguliers avec les autres structures de
soins pour référer des personnes en recherche de soignants…
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La convivialité et le bien-être : Nous encourageons un accueil proche du patient qui permette de tisser des liens avec lui. A travers nos activités de santé communautaire,
nous essayons également de nous situer dans une démarche de participation et de confiance réciproque. Enfin, nous portons une attention particulière à ce que les patients se rencontrent et
créent des communautés de solidarité entre eux.
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La co-construction : Il s'agit d'un processus de travail impliquant la participation de tous et engageant la responsabilité de chacun. Dans la MM, la co-construction
s'applique à 3 niveaux: institutionnel (gestion de l'asbl au sens large), organisationnel (gestion des locaux, des horaires, des réunions, ...) et au niveau de la prise en charge globale des
soins de santé.
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L'autonomie et la citoyenneté : Permettre aux patients de (re)prendre le pouvoir sur leur vie, être acteurs de leur santé, de s'inscrire dans leur quartier et, à terme,
d'avoir des actions citoyennes.
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L'écologie : Nous portons une attention particulière à l'écologie, à utiliser les ressources d'énergie de manière réfléchie, responsable et soucieuse de
l'environnement.
Bonne gouvernance :
- L'autogestion* comme outil et moyen de garantir nos missions: chacun des membres de l’équipe est activement responsable du bon fonctionnement de la structure. Les décisions sont
prises de manière collégiale sans hiérarchie et selon un système démocratique. Le tout respectant un organigramme décisionnel explicite (Assemblée Générale, Conseil d’Administration, équipe,
comité de gestion). L'autogestion se concrétise ainsi par des relations de travail non-hiérarchisées, une répartition équitable des tâches liées au fonctionnement et des évaluations régulières de
l'ensemble du système.
- L'attention aux opportunités qui nous permettent d'engager de nouveaux travail-leurs et de développer des projets (aide à l'emploi, subsides…).
- Une taille d'équipe qui permette une autogestion de qualité.
- La mise en place de procédures d'évaluation interne des différentes fonctions, de nos compétences ainsi que des projets menés par la maison médicale dans une démarche d’amélioration de notre
travail et de développement des compétences.
Bien-être des travailleurs :
- De bonnes conditions de travail, dans les limites des possibilités de la maison médicale (environnement, rémunération, réduction des écarts salariaux entre les travailleurs…).
- La formation continue et une supervision pour permettre aux travailleurs de développer leurs compétences professionnelles et relationnelles.
- L'évaluation régulière des travailleurs selon un processus clair et connu de tous.
- Un climat de confiance, respectueux de chacun.
- L'organisation d’activités récréatives où le contact entre les travailleurs permet de mieux se connaître et renforce la cohésion d’équipe.
Notre analyse de l'organisation de la société
Nous vivons aujourd'hui dans une société capitaliste ultralibérale*. Alors que les missions des services publics sont toujours plus déléguées aux secteurs privés, les soins de santé, eux aussi,
se retrouvent, soumis à des formes de marchandisation.
Le constat qui s'en suit est simple: bien que la protection sociale universelle soit un principe fondamental, une partie de la population n'a soit pas accès aux soins, soit n’y a pas accès de
manière satisfaisante.
La Maison Médicale défend les acquis de notre système de sécurité sociale mais aussi une politique des soins basée sur l'accès aux soins de santé primaire et sur l’échelonnement* des soins. C'est
pour cela également que nous soutenons tout engagement politique visant à réduire les inégalités, notamment, en matière de santé.
Il est aussi primordial d'agir sur les autres déterminants de la santé (comme le travail, le logement...) à travers des politiques publiques coordonnées qui permettent l'amélioration de la
santé et du bien-être des individus. Les Maisons Médicales sont aujourd'hui et mal-gré elles des observatoires privilégiés des effets de la dégradation des conditions de vie sur les
individus dans notre société. Nous essayons donc, au sein des organismes où nous sommes représentés, d'interpeller les pouvoirs publics au sujet des problématiques influençant l'état de santé des
populations qui font appel à nos services.
Pour être en concordance avec cette analyse de la société, notre maison médicale privilégie au maximum le salariat. En effet, un travailleur salarié même s’il coûte plus cher à son entreprise
aura contribué plus à alimenter les caisses de la sécurité sociale et ainsi à soutenir la solidarité entre tous. Ce travailleur bénéficiera aussi d’une couverture sociale plus importante que
celle d’un indépendant qui devra se tourner vers des assurances privées.
Appartenance au mouvement des Maisons Médicales et de la Fédération des Maisons Médicales et des Collectifs de Santé Francophone
Notre Maison Médicale partage l'analyse de la société et de ses inégalités faite par la Fédé-ration des Maisons Médicales. C'est pour cette raison que nous adhérons à la Charte de la Fédération
et que nous participons activement à son travail.
La place de l'usager dans nos pratiques :
- Le patient, sa santé et son bien-être sont au centre de nos actions et de nos préoccupa-tions. Nous avons la volonté, dans notre pratique au quotidien, d’accompagner le patient, de comprendre
ses besoins ou attentes, et de nous mobiliser pour y répondre.
- Nous cherchons à établir un équilibre entre la qualité des soins et l’accessibilité de nos services à de nouveaux patients. Nous inscrivons, certes, sur un territoire géographique-ment
délimité mais nous ne pratiquons pas une sélection des patients sur base de leurs pa-thologies, culture, niveau socio-économique…
- Nous mettons en place des projets de promotion de la santé, de santé communautaire et de citoyenneté qui valorisent les savoirs et les compétences des patients. C'est dans cette optique
que nous désirons encourager toute démarche de création de groupes de patients et d'associations d'usagers.